Il y a une explosion dans la mode du hackathon, dans tous les secteurs, à toutes les sauces.
Le mois dernier j’étais coach sur un hackathon croisant intelligence artificielle et industrie alimentaire. C’était intéressant de voir des participants de milieux très différents se mélanger et travailler ensemble, l’un très connecté au digital, l’autre issue d’une des plus vieilles industries qui soient.
Un des gros avantage du hackathon, c’est la rapidité et le côté spectaculaire de l’événement. C’est une opportunité de se faire voir ou de faire bouger les perceptions sur une problématique, ou dans une industrie.
Comparés à d’autres processus organisationnelles ou campagnes de communication, un hackathon peut être plus rapide à exécuter, permet d’introduire des notions d’agilité aux participants comme aux organisateurs.
Mais est-ce que c’est toujours très efficace ?
L’habit ne fait pas le moine, comme le post-it ne fait pas l’innovation.
Mettre des cerveaux différents dans une même pièce et faire un long brainstorm de groupe ne suffit pas toujours. L’élément fondamental dans un hackathon c’est très souvent l’organisateur. Pourtant, ce n’est pas toujours l’acteur le plus présent ou visible pendant l’événement.
Ce qui compte, ce sont ses intentions. Pourquoi cet hackathon a t’il lieu ? Qui souhaite l’organiser ? Est-ce que les objectifs, la finalité de l’événement, ont été clairement établis ? Je compare souvent un hackathon à une boule de neige qui peut grossir, au-delà même parfois des intentions initiales.
C’est quoi exactement un hackathon ?
Le hackathon fête ses 20 ans cette année. À l’origine du premier hackathon, des codeurs soucieux de s’assurer que la dernière version du produit développé ne contienne pas de bugs ou de porte d’entrées pour des hackeurs.
En invitant des personnes extérieures, dans un esprit de camaraderie professionnelle et de collaboration, le groupe a contribué à identifier des opportunités d’amélioration et les zones à risque. Les initiateurs ont renforcé leur produit, et les invités ont enrichi leur connaissance sur un langage de programmation, ou été exposé à des nouvelles méthodes de gestion.
On retiendra de cette première génération de hackathon l’idée d’un temps d’action-réflexion court, exceptionnel, qui prompte les participants à prendre du recul ou aborder un sujet sous un autre angle.
20 ans plus tard, les hackathons sont déclinés à toutes les sauces, pour une variété de besoins, et s’inspirent largement de méthodologies issues du design thinking, du mouvement lean et agile du monde des startups.
La première chose que je réponds à quelqu’un qui me demande comment organiser un hackathon, c’est pourquoi. Pourquoi êtes-vous intéressé.e au processus du hackathon ? Voici les principales réponses que j’ai entendu au fil du temps :
“Je veux être à la page!”
Vos concurrents organisent ou financent un hackathon. Des vidéos circulent sur LinkedIn, ponctuées de mots tendances : “Innovation dans l’action”, “repoussons ensemble les limites!” “hacking for success!”, voire “Sauvons le monde, une ligne de code à la fois!”
Ils se targuent d’organiser l’évènement incontournable et “disruptant” de la saison qui va changer le monde. Clairement l’enjeu est plutôt sur l’image de votre institution ou entreprise, mais il peut également y avoir un besoin de motivation des troupes à l’interne (voir ci-dessous).
“Attirons des nouvelles recrues”
Cela fait longtemps que les RH et les “Comms” vous le disent : “on a un problème d’image ! Les gens sont contents de venir travailler, mais le système de cooptation ne prend pas, et les candidats ne viennent plus aux salons comme avant.“
“Il faut montrer qu’on est jeunes, qu’on est agiles, et qu’il fait bon bosser chez nous !”
“Réinventons nous!”
La boite est en crise. Dans cette catégorie on retrouve les “on a grandit trop vite, les équipes et des services ont changé, les chefs d’équipe sont dépassés par les tâches liés au management… Souvent, la direction ne veut pas de réorganisation drastique mais cherche à canaliser productivement les demandes à l’interne ou à identifier des pistes de réorganisation.
“Plus personne ne se parle”
Plein d’outils en ligne, plein de réunions, mais moins de collaboration. Que se passe t’il ? Quelles sont les clés de la solution propre à notre organisation ? Les directions qui s’engagent sur ce chantier doivent assumer le coût du changement qu’il peut entraîner, mais développent aussi des solutions de gouvernance plus engageantes et plus durables.
“Changeons le monde!”
Il y a un besoin urgent de réenchantement, les troupes à l’interne vous demandent de retrouver du sens, de comprendre la finalité de leur métier. Vous travaillez essentiellement avec votre équipe de communications et RH. D’autres métiers, comme votre DAF ou directeur technique pourraient également être de la partie, mais souvent avec plus de réticence.
L’hackathon peut également être un ingrédient fédérateur, comme par exemple les événements organisés sous la bannière de Startup Weekend ou Hacking Health. L’objectif de ces événements “franchisés” et accompagnés par des organismes à but non lucratif est de créer un espace apolitique et propice à l’innovation en open source. Si ces hackathons sont très souvent orientés sur la production de prototypes, ils initient également leurs participants à l’agilité et l’innovation ouverte.
“Pourquoi notre service ou produit ne marche pas?”
Pourtant le marché a été bien cerné, le commercial performe bien, mais personne ne télécharge notre produit ou utilise notre service. Comment prendre du recul, et explorer les dimensions techniques ET humaines de ce problème ? Ce genre de hackathon doit concerner tous les métiers et toutes les équipes touchant au produit, de manière directe ou indirecte.
“On a besoin d’innovation concrète!”
Les collaborateurs débordent d’idées, mais il faut canaliser pour les faire monter en puissance. Ou peut-être que vous fusionnez des équipes, ou alors vous démarrez une alliance avec un nouveau partenaire. Vous sentez le potentiel, mais comment structurer votre brainstorming, trier les idées, tester une idée avant d’engager des ressources ?
Un hackathon est un outil, un véhicule, à vous de clairement identifier votre destination
Conclusion : dites moi pourquoi et nous saurons comment
Qu’importe les motivations à organiser un hackathon, ce qui fait le succès de l’événement, ce qui génère de l’enthousiasme parmi les participants c’est que chacun y trouve son compte: renforcer son expertise, découvrir un nouveau langage ou méthode, offrir du mentorat, recevoir des conseils… Un hackathon réussi, c’est un hackathon donnant-donnant.
Un hackathon est un outil, un véhicule, à vous de clairement identifier votre destination et d’adhérer à une certaine éthique. Attention, donc, à contenir la promesse et clarifier les engagements auprès des participants. Sinon, vous risquez d’irriter de potentiels participants.
Vous l’aurez compris, il faut clarifier sa posture avant d’envisager d’organiser un tel événement. Un hackathon peut aider à réenchanter les collaborateurs, ou à bâtir un écosystème d’innovation.
Il peut identifier les pistes opérationnelles pour mettre en place des changements stratégiques ou dégager des pistes d’idées pour des processus plus longs tel qu’un design sprint. À vous de décider de son sens.